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LibMag 77

Barbe à Lisette

- Alors, Chère Lisette, qu’en pensez-vous du petit commerce local. Les travaux d’embellissement du centre ville sont bientôt terminés, les libournais vont pouvoir se ré-accaparer leur ville rajeunie et ré-enchantée ?

- Oh ! vous savez, Môssieur le Journalis’, je ne suis pas forcément une adepte de la méthode Coué pour m’autosuggestionner en me disant que tout va bien et que la Marquise se porte à ravir. Elle a quelques fuites cette Marquise, des fuites et abandons de postes, quelques tuiles qui lui sont tombées du cagouët et certains qui ont quitté le navire et mis la clé sous la porte. Bé oui, il suffit de regarder et de se balader un peu dans notre centre ville de Libourne pour constater qu’entre autres, cette pauvre rue Gambiche est bien tristounette, qu’elle n’a plus le lustre d’antan et que ses boutiques fermées aux panneaux dans les vitrines éteintes marqués à vendre ou à louer… 

- Mais Lisette, vous le savez bien qu’il fallait réaliser ces travaux pour que Libourne renaisse de ses cendres et que l’on assiste à cette renaissance, comme un papillon se délivrant de son cocon, le commerce refleurira à la saison prochaine. D’ailleurs, nombre de boutiques ont remplacé certaines qui ont fermé et la situation du commerce ne serait pas aussi dramatique que vous le sous-entendez !

- Vous me faites marrer. Je le sais bien que ce n’est pas en se lamentant que l’on va dé-courber la courbe, la redresser et même l’inverser, vous voyez ce que je veux dire, on n’est pas au pays des «Bisounours» comme ironisent certains. Il va falloir se relever les manches, se mordre les fesses et le vendre ce centre-ville, quitte à freiner, lorsque c’est possible, ces invasions et implantations en périphérie; essayer d’équilibrer la chose et, qu’un ne se remplisse pas au détriment de l’autre qui se viderait allégrement. Je sais bien que ce n’est pas facile mais il suffit de regarder la télé, de suivre les médias pour comprendre que le problème n’est pas local et que, même la grande distribution comme ils disent est dépassée et qu’il faut faire revivre les quartiers, les villages et les cœurs de cités en revenant à une meilleure harmonie. Tenez, Môssieur le Journalis’, l’autre jour, avec ma voisine la Martine, nous avions enfourché nos Vélosolex pour aller à Coutras, à la fête du Fagnard. C’est une tradition que nous respectons depuis des années car la Martine à un petit neveu qui à cette occasion tire le feu d’artifice depuis les bords de l’Isle et que pour elle c’est le plus bel embrasement qu’il soit, vous voyez le genre ! Donc en allant vers Coutras, quelle ne fut pas notre surprise de voir, après la Maison de Juliette, presque en face, dans un pré fraichement fauché, une grande pancarte représentant un joli paysage en couleur, verdoyant avec des boutiques et plein de gens heureux, des gosses, des oiseaux et marquée : « Ici bientôt quinze commerces ! » Puis faisant un crochet par la zone des Dagueys, au rond point de chez Julien, pareil, rebelote, un autre panneau indiquant une quinzaine de box récemment sortis de terre estampillés «à louer »…

- Que voulez-vous Madame Lisette, c’est la loi du marché et les administrations sont impuissantes devant cette liberté commerciale. Si tout est bien respecté dans le cadre de la loi. Je pense que les instances locales n’y peuvent rien.

- C’est quand même pas encore la fatalité !...