Lib'Mag live


LibMag 70

Lisette a la "langue" bien pendue

- Aïe dou you dou, Mister Reporter ?

- Bien le bonjour Madame Lisette. Mais il me semble que vous venez de vous exprimer dans autre langue qui n’est pas votre français habituel. Ne serait-ce pas en…anglais ou un autre langage à consonance anglicane ?

- Yes Sir !!!!! Je spikine English’.

- Je m’en doutais un peu, reconnaissant quelques intonations britanniques. Mais que se passe-t-il pour que vous m’apostrophiez dans la langue de Shakespeare et ne pratiquiez plus celle de Voltaire, ou plutôt celle de Frédéric Dard et de San-Antonio ?

- Ho, Monsieur le Journalis’, ne vous méprenez pas, ce ne sont que quelques rudiments d’English que je baragouine, mais je compte bien m’améliorer grâce à la formation que je subirai bientôt, m’étant inscrite aux cours du soir prodigués par la Chambre de Commerce et d’Industrie et initiés par l’Office du Tourisme et la CALI…

- J’ai bien peur que le mot subir s’approprie plus aux formateurs qu’à votre personne, vous connaissant, et sans vouloir vous vexer Chère Amie…

- Mais c’est quoi ces manières de goujat ?! C’est pas parce que j’ai toujours dit que je trouvais que quatre siècles en Aquitaine, c’était largement trop long pour enfin bouter les Rosbifs lors de la bataille de Castillon pour que je n’autorise pas les sympathiques croisiéristes à fouler notre terre libournaise et semer quelques livres sterling dans l’escarcelle de nos gentils commerçants. Ces touristes-croisiéristes vont être plus de vingt mille à débarquer sur nos rives, côté Libourne et bientôt côté Arveyres, avec le nouveau ponton…Alors j’apprends l’anglais.

- Mais Madame Lisette, ces touristes dont vous parlez ne sont pas tous anglais, loin s’en faut, ce sont des européens, des américains, des asiatique qui risquent nous rendre visite, et l’anglais n’est qu’une langue universelle, avec laquelle nous pourrions communiquer, échanger et commercer plus facilement !

- Des touristes qui, je l’espère n’iront pas qu’à Saint-Emilion comme des moutons de panurge, mais des touristes qui sauront apprécier et découvrir notre région, notre France à nous, celle que l’on aime, celle où l’on comprend instinctivement  encore le Gabaye, la langue d’Oc qui chante à nos oreilles et qui nous fait frémir de bonheur avec ces accents parfumés, de rivières de prairies et de sous bois, ceux où l’on cueille  les champignons du coté de la haute Saintonge, vers cette magnifique forêt de la Double, des primevères et des châtaignes,  pour les déguster le dimanche en famille avec le faisan  chassé. Pas celui qui vient vous picorer les orteils en croyant que vous allez lui jeter du maïs, mais le vrai, le sauvage, le courant celui qui voltige en tout sens, le sportif, le vicieux. Et pourquoi pas l’agrémenter avec quelques copeaux de truffes, ou faire mariner ce morceau de sanglier ou de chevreuil dans ce vin rouge du pays qui tache un peu les nappes blanches brodées de nos aïeux. Nostalgie quand tu nous tiens…